Un petit texte court écrit récemment, tard dans la nuit...
La nuit. Noire. Froide.
Malgré l'heure tardive, un homme marche dans la rue. Seul. Sa tête est emplie de pensées qui papillonnent férocement. Il aimerait de la chaleur. Pas celle d'un bon lit douillet,non. La chaleur d'un autre être humain. Celle d'un corps qui se presserait contre le sien après l'amour, tandis qu'un léger souffle chatouillerait son oreille, et qu'un regard aimant se fixerait dans le sien. Au lieu de cela, il marche. Seul, dans la nuit noire et froide. Il erre sans but, et ses pas finissent par le porter près d'un bar. Indécis, l'homme regarde la lumière rougeâtre de l'enseigne se refléter dans une flaque d'eau. Peut-être que de la chaleur artificielle de l'alcool lui fera du bien. Au moins un temps... L'amaryllis... Le nom de l'établissement ne lui dit rien. Il pousse la porte. A l'intérieur, la lumière est tamisée. Quelques clients sont disséminés dans la salle. Certains seuls, d'autres accompagnés. Il marche vers le comptoir et prend place sur un tabouret. Seulement quelques instants après, une serveuse s'approche de lui. Yeux bleus, cheveux blonds, traits tirés par la fatigue. Elle lui demande ce qu'il désire. Pendant un instant, il envisage de commander une vodka. Puis il se ravise. La vodka, c'est l'alcool préféré de l'autre... A la place, il commande un whisky. Il n'aime pas ça, mais il fera avec. La serveuse ne tarde guère à lui apporter ce qu'il lui a demandé. Il la remercie, paye, puis muni de son verre il part s'installer vers le fond de la salle. Les banquettes sont rouges. Et confortables. Il sirote une petite gorgée de sa boisson. C'est infect, mais il aime la façon dont l'alcool lui brûle la gorge. Il se sent mieux. Légèrement. Il boit, et alors qu'il boit, il se remémore. Des yeux sombres cachés derrière des lunettes. Un visage rendu plus beau par un sourire lumineux. Un sourire qui ne cachait qu'une sombre trahison... Un autre souvenir remonte à la surface, accompagné d'un autre visage. Un sourire timide, des yeux bleus... Son premier amour. Son premier rejet.
L'homme relève la tête et fait un signe à l'employée. Cette fois, il commande un Gin. Le goût est encore pire que celui du whisky. Qu'importe. Il boit quand même. Distraitement, il promène son regard dans le bar. Un client lui sourit avec insistance. Il lui sourit en retour. Un sourire un peu forcé, mais qui encourage l'autre homme. Celui-ci se lève, vient s'installer près de lui et se présente. Il s'appelle Simon. Il semble attendre quelque chose. L'homme retient un soupir et se présente à son tour. Simon sourit de nouveau. Il s'approche légèrement, et tout en devisant de tout et de rien, d'un geste qui semble presque fortuit, vient poser sa main sur la cuisse de l'homme. Ce dernier ne dit rien. Il hésite. Il pouvait congédier Simon. Ou bien céder aux pulsions de son corps, et ce même si il était sûr qu'une fois le plaisir physique passé le vide qui habitait son cœur le ferait souffrir avec plus de violence encore. Exactement comme pour ses plaisirs solitaires, lorsqu'il s'imaginait avec quelque personne qui l'avait rejeté dans la réalité, mais qui l'aimait et lui appartenait l'espace de quelques minutes... Peut importait qu'il soit seul ou avec quelqu'un, à chaque fois le retour au monde réel était pour lui un calvaire. Mais qui sait, cette fois-là serait peut-être différente... A son tour, il fait nonchalamment glisser sa main sous la table. Il la plaque contre la jambe de son voisin. Il remonte, arrive à l'entrecuisse. Là, il peut sentir tout« l'émoi » qu'il inspire à Simon. Il sourit, puis d'un léger mouvement de tête, il indique la sortie. Les deux hommes se lèvent et sortent. Simon mène la marche. Ils se dirigent probablement chez lui. L'homme a froid. Heureusement, Simon finit par s'arrêter en bas d'un immeuble. Il ouvre la porte et entre, suivit par l'homme. Ils montent des escaliers. Simon s'arrête au deuxième étage. Il fouille dans sa poche pour trouver les clefs de la porte. Il fait sombre, et l'homme ne parvient pas à voir le nom inscrit sur la porte. Mais est-ce bien important ? Simon déverrouille la porte, entre, puis la referme une fois son invité à l'intérieur. Sitôt le verrou tiré, il se précipite sur l'homme, le plaque contre le mur le plus proche. Ses mains se glissent sous le pull de l'homme. Ils s'embrassent. Frénétiquement. Sans passion. Une des mains de Simon délaisse le torse de l'homme pour se glisser dans son pantalon. Il le caresse tout en chuchotant des mots crus près de son visage. L'homme se raidit. Lui qui rêve de mots tendres murmurés à son oreille, voilà ce qu'on lui offre. Des mots salaces, ne contenait aucun sentiment. Se sentant mal, il repousse Simon, lui dit qu'il n'a plus envie. Mais Simon est trop excité. Il ne l'écoute pas. Alors, l'homme le repousse à nouveau. Plus fort cette fois. Il fait volte-face, se rue sur la porte et tâtonne, à la recherche du verrou. Il le trouve, le tire, puis il actionne le loquet et se précipite dehors sans prêter attention à Simon qui l'invective, aussi hargneux qu'un roquet. Il redescend les marches le plus rapidement possible. Même une fois arrivé dans la rue, il continue de courir. Il ne sait pas l'heure qu'il est. Sûrement très tard... ou très tôt. Hors d'haleine, il s'arrête. Lentement, il reprend son souffle. Il décide de rentrer chez lui. Le Soleil allait finir par se lever, et tout serait exactement pareil que chaque jour précédent. Triste, il se mit en marche. Seul, dans la nuit sombre et froide.